Chant 8ème : D'un griffon de lie...

Faisons gronder l'instant, au­thentifions l'espoir et que la vie soit embrassée de toutes nos fibres! A la noblesse d’un griffon de lie tari par l’éruption spirituelle.

A Heïm, l’inspirateur de ma pensée.

Saillie pétrifiée, la boudeuse gargouille faillit rester close,
Et moi, gamète gesticulant, un gros flagelle autour du cou.

De l'éloquence et des fumées
Du Créateur
Je naquis.

A nuitée, aux tréfonds de sa grotte fissurée, le marmot voûté
Sentait le sang de sa lèvre transpercée par la croix sépulcrale.

Seule la noble fusion
De l'empirisme et de la science
Put obstruer ma plaie.
L'agonie étouffée, le Christ empalé,
J'étais calme, j'avais mûri.

Sur des sentiers putrescents la pierraille collait aux pieds embrasés.
Épars des tas d'arbustes ; le boiteux trempait dans une flaque de sève.

Quelque part une souche fraîche,
Les friselis de la rosée,
Les bourrasques enivrantes
Encore lointaines.

Adossé aux ruines bétonnées pour ne point m'y frapper le crâne,
Le regard vers le néant, par l'entropion je devins aveugle.

Ah! que l'errance est superbe
Lorsqu'elle s'achève après mille soubresauts
Dans une demeure accomplie !

L’Harmonie était là :
Que l’Acte soit pensé et que la Pensée soit active ;
La Sublimité était là :
Aux plus hautes contrées de la noblesse,
Une lueur :
L’Homme cisèle son absolu,
Défiant cieux et marais.

Le doigt raidi et l'ongle acéré - foudroie-les ! - menacent le globe.
Finesse –non ! - Paupière crevée, choc sec, prunelle éclate dans son orbite !

Malaise vomitif,
Serait-ce mes résidus cauchemardesques
Là, sous l'oreiller ?
Les gros soupirs balbutiés en sanglots,
Le désespoir soudain chaleureux
Au sein de l'Omniprésence,
La tête reposant sur la poitrine
Dans l'improvisation d'un univers
Pour une confiance infinie.
Ce fut.

Aux crocs des gueules atrophiées plantés dans l'Escarre baveuse,
A ce sang, à cette sanie - que jouissent les turgides impuissants ­-
Aux macérations qui ne tachent plus les paillasses imbibées,
Au frontispice crasseux d'un pandémonium aux vieilles pyorrhées

S'oppose farouchement
L'Unicité créatrice
Forgée par les essences de la génialité
Et par la ténacité d'une philosophie vécue.
Que jaillisse la Connaissance,
Fut-Est-Sera.



17 mars 1987

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